Sur l’orgueil

 10ème dimanche après la Pentecôte

Sur l’orgueil


Je ne suis pas comme les autres. (S. Luc, XVIII, 11.)


Tel est, M.F., le langage ordinaire de la fausse vertu et celui de l'orgueilleux, qui, toujours content de lui­-même, est toujours prêt à censurer et à critiquer la conduite des autres. Tel est encore le langage des riches, qui regardent les pauvres comme s'ils étaient d'une nature différente de la leur, et les traitent en consé­quence. Disons mieux, M.F., c'est le langage de presque tout le monde. II y en a très peu, même dans les conditions les plus basses, qui ne soient atteints de ce maudit péché, qui n'aient pas bonne opinion d'eux-­mêmes, en se mettant entièrement au-dessus de leurs égaux, et qui ne portent leur détestable orgueil jusqu'à croire qu'ils valent mieux que beaucoup d'autres. D'où je conclus que l'orgueil est la source de tous les vices, et la cause de tous les maux qui sont arrivés et qui arriveront dans la suite des siècles. Nous portons même notre aveuglement si loin, que, souvent, nous nous glorifions de ce qui devrait nous couvrir de confusion. Les uns tirent leur orgueil de ce qu'ils croient avoir plus d'esprit ; les autres, à cause de quelques pouces de terre ou de quelque argent ; tandis qu'ils devraient trembler sur le compte redoutable que Dieu leur en demandera un jour. Oh ! M.F., qu'il en est qui ont besoin de faire cette prière que saint Augustin faisait à Dieu : « Mon Dieu, faites-moi connaître ce que je suis, et je n'ai pas besoin d'autre chose pour me couvrir de confusion et de mépris de moi-même. » Je vais donc vous mon­trer 1° combien l'orgueil aveugle l'homme et le rend odieux aux yeux de Dieu et des hommes ; 2° en combien de manières nous le commettons, et 3° enfin, ce que nous devons faire pour nous en corriger.


I. – Oui, M.F., pour vous donner une idée de la gran­deur de ce maudit péché, il faudrait que Dieu me permit d'aller arracher Lucifer du fond des abîmes, et de le traî­ner ici à ma place, et qu'il vous dépeignît lui-même les horreurs de ce crime, en vous montrant les biens que ce péché lui a ravis, c'est-à-dire le ciel, et les maux qu'il lui a attirés, qui sont les peines de l'enfer. Hélas ! M.F., pour un péché qui peut être d'un moment, une punition qui durera une éternité ! Ce qu'il y a de plus malheu­reux dans ce péché, c'est que plus l'on en est atteint, moins l'on s'en croit coupable. En effet, jamais un orgueilleux ne voudra croire qu'il est orgueilleux, ni connaître qu'il a tort : ce qu'il fait et dit, est bien fait et bien dit. Voulez-vous concevoir, M.F., la grandeur de ce péché ? Voyez ce que Dieu a fait pour l'expier. Pourquoi est-ce qu'il a voulu naître de parents pauvres, vivre dans l'oubli, passer dans le monde, non comme ceux d'une condition médiocre, mais comme une per­sonne de rien ? C'est qu'il voyait que ce péché avait telle­ment outragé son Père, qu'il ne pouvait être expié par lui qu'en se livrant à l'état le plus humiliant et le plus méprisable, qui est celui de la pauvreté ; car il suffit de ne rien avoir pour être méprisé des uns et rebuté des autres. Voyez, M.F., combien sont grands les maux que ce péché a faits. Sans ce péché, il n'y aurait point d'enfer. Sans ce péché, Adam serait encore dans le paradis terres­tre, et nous tous heureux, sans maladie, sans toutes ces autres misères qui nous accablent chaque jour ; point de mort, point de jugement à subir, ce qui a fait trem­bler les grands saints ; point d'éternité malheureuse à craindre ; le ciel nous était assuré. Heureux dans ce monde et plus heureux encore dans l'autre : notre vie se serait passée à bénir les grandeurs, les bontés de notre Dieu, et nous serions allés, en corps et en âme, continuer cet heureux travail. Ah ! que dis-je, M.F. : sans ce maudit péché, Jésus-Christ ne serait pas mort ! O que de tourments épargnés à ce divin Sau­veur !... Mais, me direz-vous, pourquoi est-ce que ce péché a causé plus de maux que les autres ? – Pourquoi ? en voici la raison. Si Lucifer et les autres mauvais anges n'avaient pas eu d'orgueil, il n'y eût point eu de dé­mons, et, par conséquent, personne n'aurait tenté nos premiers parents et ils auraient eu le bonheur de persé­vérer. Je sais bien que tous les péchés outragent Dieu, que tous les péchés mortels méritent une punition éter­nelle : un avare qui ne cherche qu'à ramasser et qui sacrifiera sa santé, sa réputation, et même sa vie pour accumuler quelque argent, dans l'espérance de prévoir pour l'avenir, fait sans doute bien injure à la provi­dence de Dieu, qui nous a promis que, si nous avions soin de le servir et de l'aimer, il aura soin de nous. Un ivrogne qui se livre aux excès du boire en perdant la raison, se mettant au-dessous de la bête brute, de même, fait un grand outrage à Dieu, qui ne lui donne du bien que pour en faire un bon usage en consacrant ses forces, sa vie à le servir. Un vindicatif qui se venge des injures qu'on lui a faites, fait un mépris sanglant à Jésus-Christ, qui, depuis tant de mois et peut-être même d'années, le souffre sur la terre, et bien mieux, lui four­nit tout ce qui lui est nécessaire, tandis qu'il ne mérite­rait que d'être abîmé dans les flammes. Un impudique, en se plongeant dans la fange de ses passions, se met plus bas que les pourceaux, perd son âme et donne la mort à son Dieu ; d'un temple du Saint-Esprit, fait un temple des démons, « des membres de Jésus-Christ en fait les membres d'une infâme prostituée, » de frère du Fils de Dieu, devient, non seulement le frère des démons, mais l'esclave de Satan. Ce sont là des crimes, dont nul terme ne pourrait exprimer les horreurs ni la grandeur des tourments qu'ils méritent. Eh bien ! M.F., nous disons que ces péchés sont aussi éloignés de l'orgueil par les outrages qu'ils font à Dieu, que le ciel l'est de la terre : tenez, rien de si facile à concevoir, vous allez le voir. Lorsque nous commettons les autres péchés, tantôt nous violons les commandements de Dieu, tantôt nous y méprisons ses bienfaits ; ou bien, si vous voulez, nous rendons inutiles tous les travaux, les souffrances et la mort de Jésus-Christ. Mais celui-ci, c'est-à-dire, l'or­gueilleux, fait comme un sujet, qui, non content d'avoir méprisé et foulé aux pieds les lois et les ordonnances de son souverain, porte sa fureur jusqu'à essayer de lui planter un poignard dans le sein, l'arrache de son trône, le foule sous ses pieds et prend sa place. Peut-on con­cevoir une atrocité plus grande, M.F. ? Eh bien ! M.F., voilà ce que fait une personne qui tire vanité quand elle réussit dans ce qu'elle fait ou dit. O mon Dieu ! que le nombre en est grand ! Écoutez, M.F., ce que nous dit l'Esprit-Saint, en parlant de l'orgueilleux : « Il sera en abomination à Dieu et aux hommes. Car le Seigneur déteste l'orgueilleux et le superbe. » Jésus-Christ nous dit lui-même « qu'il remerciait son Père d'avoir caché ses secrets aux or­gueilleux. » En effet, si nous parcourons l'Écriture sainte, les maux dont Dieu accable l'orgueilleux sont si affreux et si multipliés qu'il semble qu'il épuise sa fureur et sa puissance pour le punir, et nous voyons que Dieu prend plaisir à humilier les superbes à proportion qu'ils veulent s'élever. Nous voyons que souvent un orgueil­leux tombe dans quelque vice honteux qui le déshonore aux yeux du monde. Le grand Nabuchodonosor nous en fournit un bel exemple. Ce prince était si orgueilleux, il avait tant bonne opinion de lui-même, qu'il voulait qu'on le regardât comme un dieu. Dans le moment qu'il était rempli de la grandeur de la puissance, tout à coup il entend une voix du ciel disant que le Seigneur ne pouvait plus souffrir son orgueil, et que, pour lui faire connaître qu'il y avait un Dieu, maître des royaumes, son royaume lui serait ôté et donné à un autre ; qu'on le chasserait de la compagnie des hommes, qu'il irait demeurer parmi les bêtes farouches, qu'il mangerait l'herbe et le bois comme une bête de somme. A l'heure même, Dieu lui renversa tellement la cervelle, qu'il crut être une bête, s'enfuit dans les forêts jusqu'à ce qu'il reconnût qu'il n'était rien. Voyez les châtiments que le Seigneur fit subir à Coré, Dathan et Abiron, avec deux cents des plus considéra­bles des Juifs. Remplis d'orgueil, ils disent à Moïse et à Aaron : « Et pourquoi est-ce que nous n'aurions pas aussi l'honneur d'offrir de l'encens au Seigneur aussi bien que vous ? » Le Seigneur dit à Moïse et à Aaron de les séparer, avec tout ce qui leur appartenait ; qu'il coulait les punir... A peine furent-ils séparés que la terre s'ouvrit sous leurs pieds, et les engloutit tout vivants en enfer. Voyez Hérode, qui fit mourir saint Jacques et emprisonner saint Pierre. Il était si orgueil­leux, qu'étant un jour vêtu de sa robe royale et assis sur son trône, il parla avec tant d'éloquence au peuple, qu'on alla jusqu'à dire : « Non, non, ce n'est pas un homme qui parle, mais c'est un dieu. » Dans le même moment un ange le frappa d'une maladie si affreuse, que les vers le rongeaient tout vivant, et il périt malheureu­sement. II voulut se faire passer pour Dieu, et il fut mangé par le plus vil des insectes. Voyez encore Aman, ce fameux orgueilleux, qui avait commandé que tout sujet pliât le genou devant lui. Irrité jusqu'à la rage de ce que Mardochée le méprisait, il fit dresser une potence pour le pendre ; mais Dieu, qui a en horreur les orgueil­leux, permit que ce fût lui-même qui y fût attaché. Nous lisons dans l'histoire, qu'un solitaire rempli d'orgueil voulut montrer la grandeur de sa foi. Étant allé trouver saint Palémon, celui-ci le voyant faire tout son étalage d'orgueil, lui dit charitablement qu'il était bien difficile d'avoir, avec tant d'orgueil, la foi qu'il disait ; que n'ayant rien de bon de nous-mêmes, nous ne pouvions que nous humilier, gémir devant Dieu et lui demander la grâce de ne pas nous abandonner. Mais ce pauvre aveugle, bien loin de profiter de ce charitable avis, court se jeter dans un brasier de feu, et Dieu permit même, pour mettre le comble à son orgueil, qu'il ne ressentît seulement pas l'ardeur du feu. Mais peu de temps après, il tomba dans un gros péché, un péché honteux contre la sainte vertu de pureté. Le démon se présenta à lui sous la figure d'une femme, qui le pressa tant, s'étant assise à côté de lui et voulut l'embrasser ; alors le démon se jeta sur lui, le meurtrit de tant de coups, qu'il le laissa étendu sur le pavé. Enfin, reconnaissant sa faute, c'est-à-dire, son orgueil, il revint trouver saint Palémon et lui avoua sa faute en pleurant. Chose étrange, M.F., comme il lui parlait encore, le démon se saisit de lui, devant saint Palémon, le traîna avec tant de fureur et le précipita dans une fournaise enflammée, où il y perdit la vie. Oui, M.F., nous voyons partout que Dieu se plaît à confondre les orgueilleux. Non seulement un orgueil­leux est en abomination aux yeux de Dieu, mais il est encore insupportable aux yeux des hommes. – Pour­quoi cela ? me direz-vous. – C'est qu'il ne peut s'accor­der avec personne : tantôt il veut s'élever au-dessus de ses égaux, tantôt égaler ceux qui sont au-dessus de lui, de sorte qu'il ne peut s'accorder avec personne. Ainsi les orgueilleux sont toujours en dispute avec quel­qu'un, et de là il s'ensuit que tout le monde les hait, les fuit, les méprise. Non, M.F., il n'y a pas de péché qui fasse un si grand changement dans celui qui le commet, puisqu'un ange, la plus belle créature, est devenu par ce péché le démon le plus horrible ; et dans l'homme, d'un enfant de Dieu, il en fait un esclave du démon.


II. – Ce péché, me direz-vous, est vraiment affreux ; il faut que celui qui le commet ne connaisse ni le bien qu'il perd, ni les maux qu'il s'attire, ni enfin les ou­trages qu'il fait à Dieu et à son âme ? Mais comment peut-on donc savoir quand on s'en est rendu coupable ? – Comment, mon ami ? Le voici. Nous pouvons même dire que ce péché se trouve partout, accompagne l'homme dans ce qu'il fait et dit ; c'est une espèce d'as­saisonnement qui trouve partout sa place. Ecoutez-moi un instant et vous allez le voir. Jésus-Christ nous en donne un exemple dans l'Évangile, en disant qu'un pharisien, étant allé dans le temple pour y faire sa prière, se tenait debout en présence de tout le monde, disant à haute voix : « Je vous rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, cou­vert de péchés ; je passe ma vie à faire le bien et à vous plaire. » Voilà le véritable caractère d'un orgueilleux : au lieu de remercier Dieu de ce qu'il a été si bon que de se servir de lui pour le bien, de lui rendre grâce, il regarde tout cela comme venant de lui-même et non de Dieu. Entrons dans quelques détails, et vous verrez que presque personne n'en est excepté. Les vieillards comme les jeunes gens, les pauvres comme les riches ; chacun se loue et se flatte de ce qu'il n'est pas et de ce qu'il n'a pas fait. Chacun s'applaudit et aime à être applaudi ; chacun court mendier les louanges des hommes, et chacun travaille à se les attirer. Ainsi se passe la vie de la plus grande partie des gens. La porte par laquelle l'orgueil entre avec le plus d'abondance, c'est la porte des richesses. Dès qu'une personne augmente ses biens, vous la voyez changer de manière de vivre ; elle fait, comme nous dit Jésus-Christ des pharisiens : « Ces gens aiment qu'on les appelle maîtres, qu'on les salue, ils veulent les pre­mières places ; ils commencent à paraître vêtus plus richement » ils quittent cet air de simplicité ; si on les salue, à peine vous branleront-ils la tête, sans lever leur chapeau ; marchant la tête levée, ils s'étudieront à chercher tous les plus beaux mots, dont souvent ils ne connaissent pas même la signification ; ils aiment à les répéter. Cet homme vous cassera la tête des héritages qu'il aura reçus, pour montrer que sa fortune s'est augmentée. Tous ses soins sont de travailler à se faire estimer et louer. Aura-t-il réussi dans quelque ouvrage ? il s'empresse de le publier pour étaler son prétendu savoir. A-t-il dit quelque chose dont il aura été applaudi, il ne cesse d'en casser les oreilles à ceux qui sont autour de lui, jusqu'à les ennuyer et à se faire moquer de lui. A-t-on fait quelque voyage ? vous entendez ces orgueil­leux en dire cent fois plus qu'ils n'en ont dit ou fait ce qui fait compassion à ceux qui les entendent. Ils croient se faire passer pour avoir de l'esprit, tandis qu'on les méprise intérieurement. L'on ne peut s'em­pêcher de se dire en soi-même : Voilà un fameux orgueilleux, il se persuade qu'on croit tout ce qu'il dit !... Voyez une personne d'état examinant l'ouvrage d'un autre ; elle y trouvera mille défauts, en disant : « Ah ! que voulez-vous ? il n'en sait pas davantage ! » Mais comme l'orgueilleux n'abaisse jamais les autres sans s'élever lui-même ; alors elle s'empressera de parler de quelque ouvrage qu'elle a fait, qu'un tel a trouvé si bien fait qu'il en a parlé à plusieurs. Un orgueilleux, voyant plusieurs personnes qui parlent ensemble, croit qu'on dit de lui du mal ou du bien. Une jeune fille aura-t-elle une bonne tournure ? du moins, croit-elle l'avoir ? Vous la voyez marcher à pas comptés, avec affectation, avec un orgueil qui semble monter jusqu'aux nues. A-t-elle des chemises, des robes ? Elle laissera son armoire ouverte pour les faire voir. On lire orgueil de ses bêtes et de son ménage. On tire orgueil de bien savoir se confesser, de bien prier le bon Dieu, d'être plus modeste à l'église. Une mère tire orgueil de ses enfants ; un habitant, de ce que ses terres sont en meilleur état que celles des autres, qu'il condamne ; et il s'applaudit de son savoir. Un jeune homme a-t-il une montre dans son gousset, et peut-être même, souvent, n'a-t-il que la chaîne, avec cinq sols dans sa poche ? vous l'entendez dire : « Je ne sais pas si c'est bien tard ; » afin qu'on lui dise de regarder à sa montre, pour qu'on sache qu'il en a une. Si l'on joue, pour essayer de gagner, n'aurait-il que deux sous à donner, il prendra dans sa main tout ce qu'il a, et même ce qui souvent n'est pas à lui ; ou bien il dira plus qu'il n'a en réalité. Combien en est-il qui emprun­tent, pour aller dans ces parties de plaisir, des habille­ments ou de l'argent ! Une personne entre-t-elle dans une compagnie dont elle croit être inconnue ? de suite vous la voyez faire le récit de sa famille, de ses biens, de ses talents et de tout ce qui peut la relever, et faire connaître ce qu'elle est ou plutôt, ce qu'elle n'est pas. Non, M.F., il n'y a rien de si ridicule et de si sot que d'être toujours après parler de ce que l'on a, et de ce que l'on a fait. Écoutez un père de famille, quand ses enfants sont en état de se marier. Dans toutes les compagnies où il se trouve, on l'entend dire : « J'ai tant de mille francs de prêtés, mon bien me rend tant, » et ensuite demandez-lui cinq sols pour les pauvres, il n'a rien. Une tailleuse ou un tailleur auront-ils bien réussi à faire une robe ou un habit, s'ils se trouvent de voir passer les personnes qui en sont revêtues : « voilà qui va bien, je ne sais pas qui l'a fait. » – « Eh bien ! c'est moi, diront-ils. » Et pourquoi ont-ils dit cela ? c'est afin de faire voir qu'ils sont bien habiles. Mais s'ils n'ont pas bien réussi, ils se gar­deront bien d'en parler, crainte d'être humiliés. Les femmes dans leur ménage… Et moi je vous dirai que ce péché est encore plus à craindre dans les personnes qui semblent faire profession de piété. En voici un bel exemple. Ce maudit péché d'orgueil se glisse même dans les fonctions les plus basses. Un laboureur, ou une personne qui coupera du bois, si c'est au passage, ils y mettront tous leurs soins ; « afin, disent-ils, que quand il passera quelqu'un, l'on ne trouve pas que je ne sais pas travailler. » Ce péché se glisse même dans le crime, et dans la vertu : l'on en voit qui se font gloire d'avoir fait le mal. Écoutez la conversation de plusieurs ivrognes. « Ah ! disent-ils, je me suis trouvé un jour avec un tel ; il a voulu se prendre avec moi à celui qui boirait le plus sans s'enivrer ; mais j'en ai bien, d'abord, eu vu le bout ! » C'est encore un orgueil que le désir d'être plus riche et de porter envie à ceux qui le sont, parce que l'on voit que les riches sont respectés et honorés. L'on en trouvera d'autres qui, dans leur langage, seront extrêmement humbles et qui même se méprise­ront et semblent faire publiquement l'aveu de leur faiblesse. Mais, dites-leur quelque chose qui pénètre jusqu'au cœur. Dès la première parole, vous les voyez se monter, vous tenir tête, jusqu'au point de vous décrier et déchirer votre réputation, pour un prétendu affront qu'elles auront reçu. Elles auront une grande humilité en apparence, tant qu'on les flatte ou qu'on les loue. Quelquefois, si l'on dit du bien d'une autre per­sonne devant nous, cela nous fâche, il semble que cela nous humilie ; nous faisons paraître un air triste, ou bien nous disons : « Ah ! elle est bien comme les autres, elle a bien fait ça, elle a bien dit cela, elle n'a pas tant de bonnes qualités que vous dites bien, vous ne la connaissez pas !... » Je dis que l'orgueil se glisse même dans nos bonnes œuvres. II en est plusieurs qui ne feront l'aumône et ne rendront service au prochain que pour se faire passer pour de bonnes gens, des personnes charitables. S'ils font l'aumône devant quelqu'un, ils donneront davantage que s'il n'y avait personne. Voudront-ils faire savoir qu'ils ont fait quelque bien, ou rendu quelque service à leur voisin, ils commenceront à dire : « Un tel a bien du malheur, il a bien peine de pouvoir vivre ; il est venu un jour, il m'a témoigné sa misère, je lui donnai telle chose. » Un orgueilleux ne veut jamais être repris, il a toujours droit ; tout ce qu'il dit est bien dit, et tout ce qu'il fait est bien fait. Et vous le voyez sans cesse examiner la conduite des autres ; partout il trouve des défauts : il n'y a rien de bien fait ni de bien dit. Une personne fera­-t-elle une action avec les meilleures intentions du monde, le voilà qui, avec sa langue venimeuse, la tourne en mal. Combien n'y en a-t-il pas qui inventent par orgueil ? S'ils racontent ce qu'ils ont fait ou dit, ils en diront beaucoup plus qu'il n'y en a. Mais d'autres mentent, crainte d'être humiliés. Disons mieux ; les vieillards se font gloire de ce qu'ils n'ont pas fait ; à les entendre, ils semblent être les plus grands conquérants du monde, on dirait qu'ils ont parcouru l'univers entier ; et les jeunes gens se louent de ce qu'ils ne feront jamais : tous mendient et tous courent après une fumée d'hon­neur. Tel est le monde aujourd'hui, M.F. ; mettez la main sur votre conscience, sondez votre cœur, et vous reconnaîtrez la vérité de ce que je vous dis. Mais ce qu'il y a de plus triste, c'est que ce péché jette dans les âmes des ténèbres si épaisses, que l'on ne se croit pas même coupable. L'on connaît bien quand les autres se louent à faux, qu'ils s'attribuent des louanges qu'ils n'ont pas méritées ; mais, pour nous, nous croyons toujours les mériter. Je dis, M.F., que toute personne qui cherche l'estime des hommes est un aveugle. – Pourquoi ? me direz-vous. – Mon ami, en voici la raison. D'abord, je ne dirai pas qu'il perd tout le mérite de ce qu'il fait, que toutes ses charités, toutes ses prières et ses pénitences ne lui seront qu'un sujet de condam­nation. I1 croira avoir fait quelque bien, tout se trou­vera gâté par l'orgueil. Mais je dis qu'il est aveugle. S'il mérite l'estime de Dieu et des hommes, il n'a qu'à les fuir au lieu de les rechercher ; il n'a qu'à bien se persuader qu'il n'est rien, qu'il ne mérite rien ; il est sûr de tout avoir. Nous voyons partout que plus une personne veut s'élever, plus Dieu permet qu'elle soit humiliée ; et plus elle veut se cacher, plus Dieu fait éclater sa réputation. Tenez : mettez la main et les yeux sur la vérité, et vous allez la reconnaître. Une personne, c'est-à-dire, un orgueilleux, court mendier les louanges des hommes ; et à peine est-il connu dans une paroisse ! Mais celui qui se cache autant qu'il peut, qui se méprise lui-même ; allez à vingt ou cinquante lieues, on publie ses bonnes qualités. Disons mieux : sa réputation vole aux quatre coins du monde ; plus il se cache, plus il est connu ; et plus l'autre veut se montrer, plus il s'enfonce dans les ténèbres, ce qui fait que presque personne ne le connaît et lui se connaît encore moins. Si le pharisien, comme vous l'avez vu, est le véritable portrait de l'orgueilleux, le publicain est une image sen­sible d'un cœur sincèrement pénétré de son néant, de son peu de mérite et de sa grande confiance en Dieu. Jésus-Christ nous le présente comme un modèle accom­pli, sur lequel nous pouvons nous guider. Le publicain, nous dit saint Luc, oublie tout le bien qu'il aurait pu faire pendant sa vie, pour ne s'occuper que de sa misère spirituelle, de son indignité ; il n'ose paraître devant un Dieu si saint. Bien loin d'imiter le pharisien, qui se met dans un endroit où il peut être aperçu de tout le monde et en recevoir les louanges, ce pauvre publicain, à peine est-il entré dans le temple, qu'il court se cacher dans un coin, se regarde comme seul devant son juge, la face contre terre, le cœur brisé de douleur, ses yeux baignés de larmes ; il n'ose regarder l'autel, tant il est couvert de confusion à la vue de ses péchés, et de la sainteté de Dieu, devant lequel il se trouve indigne de paraître. Il s'écrie dans la plus grande amertume de son cœur : « Mon Dieu, ayez, s'il vous plaît, pitié de moi, car je suis un grand pécheur ! » Cette humilité toucha tellement le cœur de Dieu, que, non seulement il lui pardonna tous ses péchés ; mais, de plus, il le loua publiquement en disant à tout le monde que ce publi­cain, quoique pécheur, lui avait été plus agréable par son humilité, que le pharisien avec tout son vain étalage de prétendues bonnes œuvres : « car, je vous déclare, dit Jésus-Christ, que ce publicain retourna chez lui sans péchés, tandis que le pharisien est plus coupable qu'a­vant d'entrer dans le temple. De là je conclus que celui qui s'élève sera humilié, et que celui qui s'humilie sera élevé. » Nous avons vu, M.F., ce que c'est que l'or­gueil, combien ce vice est affreux, combien il outrage Dieu, et enfin combien le Seigneur se plaît à le punir. Voyons maintenant ce que c'est que l'humilité, qui est la vertu opposée.


III. – Si « l'orgueil est la source de toutes sortes de vice, » nous pouvons dire que l'humilité est la source et le fondement de toutes les vertus ; elle est la porte, par laquelle Dieu nous fait passer toutes ses grâces ; c'est elle qui assaisonne toutes nos actions, qui leur commu­nique tant de valeur, qui les rend si agréables à Dieu ; enfin, c'est elle qui nous rend maîtres du cœur de Dieu, qui en fait notre serviteur, si j'ose le dire ; car jamais Dieu n'a pu résister à un cœur humble. – Mais, me direz-vous, en quoi consiste cette humilité, qui nous mérite tant de grâces ? – Mon ami, le voici. Écoutez-moi : vous avez dû connaître si vous êtes atteint de l'orgueil, vous verrez maintenant si vous avez le bonheur de pos­séder cette belle et rare vertu ; si vous l'avez dans son entier, le ciel vous est assuré. L'humilité, nous dit saint Bernard, consiste à nous faire connaître nous-mêmes, à n'avoir que du mépris de nous. L'humilité est un flam­beau qui nous montre au grand jour nos imperfections ; elle ne consiste donc pas dans les paroles, ni dans les actions ; mais dans la connaissance de soi-même, qui nous fait découvrir une infinité de fautes que notre orgueil nous avait cachées jusqu'à présent. Je dis que cette vertu nous est absolument nécessaire pour aller au ciel ; écoutez ce que nous dit Jésus-Christ dans l'Évangile : « Si vous n'êtes pas semblables à un petit enfant, vous n'en­trerez jamais dans le royaume des cieux. En vérité, je vous déclare que si vous ne vous convertissez, si vous ne quittez pas ces sentiments d'orgueil et d'ambition si naturels à l'homme, vous n'irez jamais au ciel. » « Oui, nous dit le Sage, l'humilité obtient tout. Voulez-vous recevoir le pardon de vos péchés ? Présentez-vous à Dieu dans la personne de ses ministres, couverts de con­fusion, indignes d'obtenir la grâce que vous demandez, vous êtes sûrs de votre grâce. Êtes-vous tentés ? Allez vous humilier de votre misère et reconnaître que vous ne pouvez rien de vous-mêmes, que vous perdre : vous êtes sûrs d'être délivrés. O belle vertu, que tu rends une âme agréable à Dieu ! Jésus-Christ lui-même ne pouvait nous donner une plus belle idée de la grandeur de son mérite, qu'en nous disant qu'il avait bien voulu prendre « la forme d'un esclave, » qui est la plus vile con­dition. Qu'est-ce qui rendit la sainte Vierge si agréable à Dieu ? sinon son humilité et le mépris qu'elle faisait d'elle-même. Nous lisons dans l'histoire que saint Antoine eut une vision, où Dieu lui fit voir le monde tout couvert d'un filet et les démons qui le tenaient par les quatre bouts. « Ah ! s'écrie le saint, qui pourra ne pas tomber dans ce filet ? » « Antoine, lui dit le Seigneur, l'humilité seule suffit : c'est-à-dire, si vous reconnaissez ne rien mériter de vous-même, n'être capable de rien, vous serez victorieux. » Un ami de saint Augustin lui demandait quelle était la vertu qu'il fallait pratiquer pour être plus agréable à Dieu ? Il lui répondit – « L'humilité seule suffit. J'ai eu beau travailler à chercher la vérité, pour connaître le chemin le plus sûr pour aller à Dieu, jamais je n'en ai pu trouver d'autres. » Écoutez ce que nous dit l'his­toire. Saint Macaire, revenant avec une brassée de bois, trouva le démon armé d'une fourche tout en feu, qui lui dit : « O Macaire, que tu me fais souffrir de ne pouvoir te maltraiter ; pourquoi me fais-tu tant souffrir ? puisque tout ce que tu fais, je le fais mieux que toi : si tu jeûnes, je ne mange jamais ; si tu veilles, je ne dors point ; il n'y a qu'une seule chose que tu as de plus que moi et par laquelle tu m'as vaincu. » Le savez-vous, M.F., la chose qui était dans saint Macaire que le démon n'avait pas ? Ah ! mes amis, c'est l'humilité. O belle vertu, que celui qui te possède est heureux et capable de grandes choses ! En effet, M.F., quand vous auriez toutes les autres vertus, si vous n'avez celle-ci, vous n'avez rien. Donnez votre bien aux pauvres, pleurez vos péchés toute votre vie, faites pénitence autant que votre corps pourra le sou­tenir, vivez dans la retraite toute votre vie ; vous ne lais­serez pas d'être damnés si vous n'avez pas l'humilité. Aussi voyons-nous que tous les saints ont travaillé toute leur vie ou à l'acquérir ou à la conserver. Plus Dieu les comblait de bienfaits, plus ils s'humiliaient. Voyez saint Paul, élevé jusqu'au troisième ciel, il ne se regarde que comme un grand pécheur, un persécuteur de l'Église de Jésus-Christ, un misérable, un avorton, indigne de la place qu'il occupe. Voyez saint Augustin, saint Martin : ils n'osaient pas entrer dans l'église sans trembler, tant leur misère spirituelle les effrayait. Telles doivent être nos dispositions, si nous voulons être agréables à Dieu. Nous voyons, M.F., que plus un arbre est chargé de fruit, plus ses branches baissent ; de même, plus nous faisons de bonnes œuvres, plus nous devons nous humilier en nous reconnaissant indignes que Dieu se serve d'un si vil instrument pour faire le bien. Non, M.F., nous ne pouvons reconnaître un bon chrétien qu'à l'humilité. Mais, me direz-vous, comment est-ce qu'on peut connaître qu'un chrétien est humble ? – Rien de plus facile, vous allez le voir. Premièrement, je dis qu'une personne vraiment humble ne parle jamais d'elle, ni en bien ni en mal ; elle se contente de s'humilier devant Dieu qui la connaît telle qu'elle est. Elle n'a les yeux que sur sa conduite, et elle gémit de se voir si cou­pable ; elle travaille à se rendre plus digne de Dieu. Vous ne la voyez point porter son jugement sur la con­duite des autres, elle a bonne opinion de tout le monde. Sait-elle mépriser quelqu'un ? ce n'est qu'elle-même. Elle tourne en bien tout ce que ses frères font ; elle est très persuadée qu'il n'y a qu'elle qui soit capable de mal faire. De là vient que si elle parle de son prochain, ce n'est qu'en bien ; s'il n'y a rien de bien à dire, elle garde le silence, si on la méprise, elle pense qu'on ne fait que ce que l'on doit, et qu'après avoir méprisé Dieu elle-même, elle trouve qu'elle en mérite bien davan­tage ; si on lui donne des louanges, vous la voyez rougir, et prendre la fuite, en gémissant de voir com­bien elle va détromper, au jour du jugement, ceux qui la croient une personne de bien, tandis qu'elle est toute couverte de péchés. Elle a autant d'horreur des louan­ges que les orgueilleux en ont des humiliations. Ses amis seront toujours ceux qui lui font connaître ses défauts. Si elle a du bien à faire, elle choisira toujours de le faire à celui qui l'a calomniée ou qui lui a fait quelque tort. Les orgueilleux cherchent la compagnie de ceux qui les flattent, les estiment ; elle, au contraire, fuira ceux-là, pour aller avec ceux qui paraissent avoir mauvaise opinion d'elle. Ses plaisirs sont d'être seule avec Dieu, de lui représenter sa misère, en le priant d'avoir pitié d'elle. Seule ou en compagnie, vous ne verrez nul changement dans ses prières, ni dans sa manière d'agir. Ne faisant toutes ses actions que pour Dieu et qu'en vue de lui plaire, elle ne pense nullement à ce qu'en pensent ou disent les autres. Elle travaille à plaire à Dieu, et, pour le monde, elle peut dire qu'elle le met sous ses pieds. Ainsi pensent et agissent ceux qui ont l'humilité pour partage... Jésus-Christ ne semble point mettre de distinction entre le sacrement de Baptême, celui de Pénitence et l'humilité. Il nous dit que, sans le Baptême, nous n'en­trerons jamais dans le royaume des cieux ; sans celui de la Pénitence, après avoir péché, il n'y a point de pardon et, de suite, il nous dit que, sans l'humilité, nous n'entrerons jamais dans le ciel. Oui, M.F., si nous avons l'humilité, quand nous serions tout cou­verts de péchés, nous sommes sûrs d'être pardonnés ; et, sans l'humilité, aurions-nous fait toutes les bonnes œuvres possibles, nous ne serons jamais sauvés. Voici un exemple qui va vous le montrer, comme l'on ne peut pas mieux. Nous lisons dans le livre des Rois, que le roi Achab était le plus abominable des rois qui eussent régné jusqu'à ce jour ; je ne crois pas qu'on en puisse dire davantage que ce que le Saint-Esprit nous en dit : Écoutez : « C'était un roi adonné à toutes sortes d'impu­retés, il portait la main impunément et sans discrétion sur tous les biens de ses sujets ; il fit révolter les Israé­lites contre Dieu, il paraissait comme un homme vendu et engagé à faire toute sorte de maux : en un mot, il surpassa par ses crimes tous ceux qui l'avaient précédé. C'est pourquoi, Dieu ne pouvant plus souffrir ses crimes et bien résolu de le punir, appelle son prophète Élie, lui commande d'aller trouver ce roi et de lui dire ses desseins : « Dis-lui que les chiens boiront son sang et qu'ils mangeront sa chair ; je ferai tomber sur sa tête tous les courroux de mes vengeances ; je n'épargnerai rien, je ferai sentir, jusque par ces chiens, l'excès de ma fureur. » Remarquez ici, M.F., quatre choses : 1° Vit-on jamais un plus méchant homme que lui ? 2° Vit-­on jamais une plus claire détermination de faire mourir un homme qui mérite si bien d'être puni ? 3° Jamais ne donna-t-on un ordre plus précis ? « C'est dans ce lieu, dit le Seigneur, que cela se fera. » 4° A-t-on jamais vu, dans l'histoire, un homme condamné à un supplice plus infâme que celui dont Achab est condamné, que de faire manger son corps et de faire boire son sang aux chiens ? Ah ! M.F., qui pourra le retirer d'entre les mains d'un ennemi si puissant qui a déjà commencé ? Achab, ayant entendu parler le prophète, se mit à déchirer ses vêtements. Écoutez ce que le Seigneur lui dit : « Va, ce n'est plus temps, tu as attendu trop tard, je me moque de toi. » Il se couvre d'un cilice : « Tu crois, lui dit le Seigneur, que cela me donnera des sen­timents de pitié, et me fera révoquer mon arrêt ; tu jeûnes maintenant : il fallait jeûner du sang de tant de personnes que tu as fait mourir. » Alors s'étant jeté par terre, il se couvrit de cendre, et quand il fallait paraître, il marchait la tête nue, les yeux attachés à la terre. « Prophète, dit le Seigneur, as-tu vu comment Achab s'est humilié et s'est prosterné la face contre terre ? Eh bien ! va lui dire que, puisqu'il s'est humilié, pour moi, je ne le punirai pas, et que je ne ferai pas tomber sur sa tête la foudre et la vengeance que je lui avais préparées. Va lui dire que son humilité m'a touché, m'a fait révoquer mes ordres et a désarmé ma colère. » Eh bien ! M.F., n'avais-je pas raison de vous dire que l'humilité est la plus belle et la plus précieuse de toutes les vertus, qu'elle est toute-puissante auprès de Dieu, et que Dieu ne sait rien lui refuser ? En la possédant, nous avons toutes les autres ; sans elle, toutes les autres ne sont rien. Concluons, M.F., en disant que nous con­naîtrons si un chrétien est un bon chrétien par le mé­pris qu'il a de lui-même et de tout ce qu'il fait, et parce qu'il interprète en bonne part tout ce que son prochain fait ou dit. De là, M.F., nous pouvons assurer que notre cœur goûtera le bonheur sur la terre et que le ciel sera pour nous .....

 



24/12/2008
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